IoT et smart cities : vers une révolution des systèmes de traitement d’alerte
Article paru dans lesechos.fr le 26/07/2018
Par Éric Boileau, Directeur Technique du Groupe IT Link
Exit l’appel vers le 17, l’attente, les questions qui occupent des minutes parfois précieuses : et si le digital modernisait notre manière de donner l’alerte pour secourir plus vite et plus efficacement ? En misant sur la démocratisation de l’IoT et l’ultra-connectivité des populations, l’alerting se réinvente pour mieux s’inscrire dans les villes connectées de demain.
Trois grands types de dispositifs d’alertes existent à ce jour :
En premier lieu, les alertes envoyées par les autorités à destination du grand public, notamment en cas de danger imminent comme des séismes ou des crues. C’est dans ce cadre que l’application SAIP a été créée par le ministère de l’Intérieur à l’été 2016. Deux ans plus tard, celle-ci est désactivée. En cause, des dysfonctionnements qui ont fortement diminué sa crédibilité, mais surtout un modèle qui s’est révélé inefficace : à l’été 2017, seulement 900 000 personnes l’avaient installée sur leur smartphone. Or, pour être efficace, ce type d’alerte doit permettre une diffusion massive et instantanée, ce qui demanderait une base de contacts de plusieurs millions d’utilisateurs. Ce modèle est en train d’être abandonné au profit de partenariats conclus avec les grands réseaux sociaux qui sont eux capables de relayer une alerte vers leurs abonnés géolocalisés de manière quasiment instantanée, comme le « safety check » de Facebook.
On trouve ensuite les dispositifs individuels ou familiaux destinés à prévenir une liste de contacts, propre à l’utilisateur, en cas de problème. Ils peuvent notamment intervenir dans le cas d’une téléassistance entre enfants et parents ou à destination de personnes âgées isolées. Ce besoin, qui se fait de plus en plus important, sera d’ailleurs intégré par Apple à iOS12 dès la rentrée.
Enfin, les dispositifs d’alerte se généralisent également au sein des entreprises ou des grandes collectivités. Il s’agit alors d’assurer la protection des agents sur le terrain en apportant un outil de réponse aux situations de danger.
Les enjeux principaux de tout dispositif d’alerte sont la rapidité du déclenchement et la pertinence de la réponse apportée, qu’il s’agisse de cibler correctement les personnes à prévenir, ou de décider du dispositif de secours à mobiliser. Et si les nouvelles technologies apportaient de nouvelles réponses à ces problématiques ?
Le digital apporte une double révolution : l’interconnexion des populations et la généralisation de capteurs de toutes sortes au sein des villes.
Encore récemment, les infrastructures au cœur de l’alerting étaient lourdes, donc forcément limitées à de grandes institutions, qu’il s’agisse des réseaux de téléphonie vocale, des sirènes, des radios… Mais aujourd’hui, les réseaux mobiles, la démocratisation des applications sur smartphone et la montée en puissance des réseaux sociaux ont créé une interconnexion généralisée et permanente.
Ces évolutions apportées par le digital ont eu pour effet d’accroître notre niveau d’exigence en termes d’immédiateté de l’information, et de surcroit lorsque notre sécurité est en jeu. En effet, si nous sommes capables de partager notre vie en temps réel avec l’ensemble de nos contacts à travers le monde, il est de fait inimaginable de ne pas pouvoir être prévenu instantanément lorsqu’une situation d’urgence est avérée près de chez nous.
C’est cette même interconnexion qui, avec des temps de traitements infimes et une garantie de distribution très élevée, offre aujourd’hui aux dispositifs d’alerte de nouvelles perspectives technologiques. L’alerting mute, s’enrichit et tend à révolutionner le monde de la sécurité.
Cette évolution rapide s’appuie également sur le développement d’une technologie permettant de faire interagir des objets avec des systèmes intelligents et déclencher des alertes sans intervention humaine : l’Internet des Objets (IoT). Elle permet à des capteurs capables, par exemple, de détecter le bruit d’un coup de feu ou la montée rapide du niveau d’un cours d’eau, combinés à des algorithmes aptes à déterminer le caractère anormal d’une situation, de déclencher une alerte.
Des systèmes de déclanchement d’alertes équipent déjà la plupart des voitures connectées. Lorsqu’un accident est détecté, l’information est centralisée et partagée aux secours, aux compagnies d’assurance mais aussi à tous les véhicules circulant à proximité afin de limiter le risque de suraccident. Ce type de mesures s’intègre parfaitement dans le développement des smart cities, et permettra, dès demain, de mettre en place des systèmes d’alertes intégrés aux bâtiments, aux candélabres ou même disposés sous la chaussée.
La communication, enjeu crucial de l’alerting.
En situation d’urgence, l’enjeu majeur est d’assurer la délivrance rapide du message. Pour y parvenir, les dispositifs d’alerte doivent s’appuyer sur l’ensemble des réseaux de communication disponibles : réseaux satellitaires, réseaux mobiles (de la 2G à la 5G), mais aussi des réseaux qui offrent un débit plus faible mais assurent une couverture géographique bien plus étendue comme Sigfox et LoRa. Dans la montagne comme en centre-ville, l’information doit pouvoir être délivrée en temps réel et permettre une géolocalisation précise pour être efficace.
A l’ère des smart cities et de l’Internet des Objets, la révolution annoncée des systèmes d’alerting constitue une avancée majeure pour la sécurité des biens et des personnes tant au niveau des collectivités que des entreprises.